UptoYouth positionne le candidat comme un apporteur d’idées à l’entreprise

Après la start up PAZAP, qui propose aux jeunes de découvrir le monde professionnel pour mieux s’orienter en rencontrant des professionnels, nous continuons notre découverte des start up RH avec UptoYouth, dont la conviction est que la rencontre entre l’entreprise et le candidat sera plus efficace si elle est basée sur la mise en situation réelle du candidat sur une problématique donnée, plutôt que par son CV. Entretien avec Kersley Nicolas Chumroo, co-fondateur de UptoYouth.

Quel est le constat de départ, ce qui vous a amené à ce projet ?
Au départ, nous avons pris conscience que les jeunes avait du mal à se crédibiliser pour trouver un emploi.Non pas qu’ils  manquent de compétences, mais c’est surtout qu’ils n’ont pas l’opportunité de cumuler de l’expérience. Le fameux serpent qui se mord la queue : « Je n’arrive pas à trouver du boulot, parce que je manque d’expérience. Mais d’un autre coté, comment en avoir, si aucun recruteur ne me laisse ma chance ? ». Nous nous retrouvons face à des jeunes diplômés, ayant fait des stages, mais qui finissent dans des métiers peu valorisants ou en décalage total avec leurs compétences. Ils se retrouvent avec des diplômes dans des secteurs bouchés, avec des lignes d’expériences difficiles à valoriser, alors qu’ils ont l’énergie, l’intelligence d’apporter plus aux entreprises.

Kersley Nicolas ChumrooQuel problème tente de résoudre UptoYouth ?
Nous avons monté une plateforme en ligne qui regroupe 3400 membres. Cette plateforme est basée sur la valorisation des compétences, et non sur le préjugé du CV. Nous lançons, pour le compte d’entreprises partenaires, des challenges recrutement sans CV, auprès de notre communauté. Sur la base d’un brief fourni par notre entreprise partenaire, Uptoyouth vulgarise le besoin, valorise l’entreprise (mise en page et mise en scène graphique) pour permettre à la communauté d’Uptoyouth de se projeter dans le poste proposé. Nos membres sont accompagné par des coachs pour bien cerner les subtilités et variantes métiers de l’entreprise. Pour répondre au challenge de l’entreprise, chaque membre se projette dans le poste, fait une proposition concrète de comment il aborderait la problématique de son poste, quelles méthodes il utiliserait, avec qui il collaborerait, etc. L’entreprise peut alors juger chaque profil, sur la preuve de ses compétences, sa sensibilité au contexte de l’entreprise, ses apports en terme de méthodes, etc. L’entreprise peut se retrouver avec un profil qui n’a pas d’expérience dans son secteur d’activité, mais qui lui a prouvé qu’il était à la hauteur du poste.

Quelle est la promesse de UptoYouth ? Et à qui s’adresse-t-il ?
Permettre la détection d’un talent, sur la preuve de ses compétences, et non par son CV. UptoYouth s’adresse aux entreprises qui peinent à recruter des cadres, car leur domaine d’activité est peu visible ou pas assez attrayant. Nous nous adressons également aux entreprises qui ont des métiers où il y a pas forcément de formations pour accéder aux postes.  Côté candidat, nous nous adressons à toutes les personnes qui peinent à trouver un poste, car ils sont dans des secteurs bouchés, ou qu’ils manquent d’expérience.

Quels sont les bénéfices attendus pour les cibles ?
Permettre la rencontre entre un recruteur qui recherche des collaborateurs qui en veulent, car un collaborateur qui a le handicap d’un passif professionnel doublera d’efforts pour faire ses preuves, apportera plus à l’entreprise et restera plus longtemps. Permettre à celui qui est pénalisé par son CV, de faire une transition vers un secteur qui lui correspond.

En quoi est-ce une innovation ?
C’est une innovation dans la manière de recruter (sans CV ou lettre de motivation). Mentir sur son parcours et son CV est facile, quand on est extraverti, notamment lors de l’entretien d’embauche. C’est une manière sécurisante de confier un poste à un profil qui le mérite, et qui en est à la hauteur, même si c’est un introverti.
A quelle phase de développement de votre projet en êtes-vous ? Et quel est votre modèle économique ?
Nous avons 1 an et demi d’existence, et travaillons déjà pour des entreprises comme ACER, Chèques Vacances (ANCV), UCPA, Cacolac, Walapop, etc… Le modèle économique est le suivant : nous organisons gratuitement un challenge recrutement pour l’entreprise. Et l’entreprise verse à la plateforme 1000€, mais à condition qu’elle trouve son talent parmi nos membres et le recrute. Nous pouvons également organiser un challenge de concepts et d’idées, mais sans logique de recrutement. dans ce cas, nous facturons 2000 € ou plus à l’entreprise en fonction de la problématique soulevée.

Pouvez-vous vous présenter, quel est votre parcours professionnel ?
J’ai un master en Marketing et nouvelles technologies (mais est-ce vraiment important ?), et j’ai 8 ans d’expérience en agence conseil en marketing digital, accompagnement aux changements d’usages liés à l’émergence de nouvelles technologies.

UTY_logo

Que faut-il en retenir ?
UptoYouth propose, à l’instar de nombreuses autres plates-formes, de mettre en relations candidats et entreprises en s’affranchissant du CV. Le point commun de toutes ces initiatives est une critique à peine voilée du CV : il favorise la discrimination, privilégie le recrutement de profils clone. Je ne partage pas totalement cette hypothèse. Les initiatives de recrutement sans CV peinent à démontrer leur efficacité, et la frontière entre CV (le « qui je suis ») et expérience réelle (ce que j’ai fait) tend à s’effacer avec l’empreinte globale des candidats sur le web et les médias sociaux en particulier. La dictature de la transparence est également subie par les candidats. L’initiative de UptoYouth est intéressante car elle invite le candidat à démontrer ses compétences sur une mission réelle, et non plus sur l’exercice codifié et balisé de l’entretien de recrutement. C’est d’ailleurs sur la phase de l’entretien plus que sur le CV que le processus de recrutement pourrait progresser, pour le bénéfice de l’entreprise comme pour celui du candidat. UptoYouth propose à l’entreprise de se concentrer d’évaluer la pertinence d’une recommandation, plutôt que sur une expérience passée décrite dans un CV, donc difficile à vérifier. UptoYouth ouvre également la voie, et donc pose la question sensible, d’un rapport hybride entre le candidat et l’entreprise, entre le statut de salarié et celui de prestataire de service. On voit aisément les débordements possibles si des garde-fous suffisants ne sont pas mis en place.

Découvrir UptoYouth

Vous pouvez retrouver ce billet sur le magazine RH en ligne FacteuRH.

Partagez ce post

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest
WhatsApp

Ces articles pourraient vous intéresser