Transformation numérique : de la métamorphose et des pingouins

transformation numérique

La littérature abonde sur le sujet de la transformation numérique des entreprises. Cette nouvelle « civilisation » déstabilise les entreprises car elle remet en cause leurs modèles traditionnels : économique et organisationnel, et fait apparaitre leur résistance au changement.

La littérature abonde sur le sujet de la transformation numérique des entreprises, portée à la fois par les innovations technologiques et les nouveaux comportements des clients. Cette nouvelle « civilisation » déstabilise les entreprises car elle remet en cause leurs modèles traditionnels : économique et organisationnel, et fait apparaitre leur résistance au changement. La dimension humaine des entreprises – modèle managérial et compétences des collaborateurs notamment- recueille aujourd’hui un large consensus quant à son importance dans la réussite des entreprises à accompagner ces changements et réussir cette révolution.

Recrutement, formation, GPEC, programme d’innovation, incubateurs de start up, design thinking, mentoring, hackathon… toutes les initiatives et tous les départements de l’entreprise sont sollicités. Le sujet des nouvelles compétences, mais aussi des comportements nouveaux (ne les oublions pas) des collaborateurs et des managers à développer pour répondre à cette transformation numérique, devient essentiel dans la feuille de route les ressources humaines. Comment faire évoluer, insuffler, développer, favoriser ces nouvelles compétences et comportements ?

Deux livres parus récemment apportent quelques éléments pour nourrir la réflexion, dans deux registres totalement différents :

« Alerte sur la banquise » de John Kotter, Holger Rathgeber 

La fable, l’histoire, le conte, remis récemment sous les feux de l’actualité comme recette miracle de la communication avec le « storytelling » a depuis bien longtemps fait ses preuves pour marquer les esprits. Esope et Jean de la Fontaine nous ont convaincu des vertus de l’anthropomorphisme pour bousculer les idées reçues et renverser les préjugés. Cet ouvrage, qui vient de reparaitre, n’est pas une nouveauté car il date de 2008 : une éternité sur le calendrier de la transformation numérique. L’histoire de cette colonie de pingouins conserve toute sa pertinence : confrontés à une situation de crise puisque leur iceberg se fissure et risque de se détruire, ces pingouins doivent remettre totalement en cause leur mode de vie, leur croyances et leurs habitudes qu’ils croyaient immuables. Les auteurs, au travers de cette fable, nous parlent de résistance au changement. Ils décrivent les différentes étapes pour accepter l’inévitable, brossent une galerie de personnalités et de leurs comportements associés : peur, déni de la réalité, analyse biaisée des faits avérés, défense des acquis… Pour les auteurs, le changement indispensable est celui de l’état d’esprit et une des condition essentielle de la réussite, celle de partager une vision commune, pour embarquer l’ensemble des acteurs. Ils livrent également les 8 étapes nécessaires à la réussite d’une transformation en entreprise :

1/ Créer un sentiment d’urgence
2/ Réunir l’équipe de pilotage
3/ Développer la vision et la stratégie du changement
4/ Communiquer, pour faire comprendre et adhérer
5/ Donner aux autres le pouvoir d’agir
6/ Produire des victoires à court terme
7/ Persévérer
8/ Créer une nouvelle culture

Quand je vous dis que cette fable n’a rien d’une fiction…

 

Métamorphose des managers de Cécile Dejoux et Emmanuelle Léon

Les deux auteures, enseignantes en Ressources Humaines et Management, ne font ici aucune référence à l’oeuvre de Kafka, qui dénonçait dans « la métamorphose » l’aliénation économique et social de l’homme face à la technique, l’industrie et l’argent. Comment manager à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle ? Le propos de cet ouvrage est de mettre en relief le rôle essentiel du manager dans la transformation numérique de l’entreprise, qui elle-même est contrainte de s’intégrer dans cette nouvelle civilisation numérique : « Nous avons tous conscience d’être entrés dans une nouvelle civilisation dans laquelle le numérique transforme nos façons de produire, d’échanger, de consommer et de communiquer. » Toutes les frontières classiques se brouillent (publique vs privée, produit vs service, état vs entreprise,…), les croyances, les valeurs, les principes sont remis en question. Face à ces circonstances nouvelles, comment le manager peut-il s’adapter, faire évoluer ses équipes, trouver sa place ? Comment doit-il prendre l’initiative pour redéfinir son rôle ?

Pour répondre à ces questions, Cécile Dejoux et Emmanuelle Léon proposent 3 axes que doit développer ce « manager transformé » :

– l’être : car pour transformer les organisations, il faut se transformer soi-même. Le manager doit développer de nouvelles compétences : compétences numériques, d’agilité, de design thinking, sans pour autant abandonner les compétences traditionnelles.
– les lieux : la dématérialisation du travail, sa ré-organisation imposent une réflexion sur les lieux et les modalités de travail : flex-office, télé-travail, open-space, co-working… le manager doit s’approprier ces nouveaux espaces, en comprendre les impacts et les enjeux s’il veut réussir à gérer la performance et le bien-être de ses équipes.
– les autres : le rôle du manager a – ou doit- évoluer. A la place de sa posture traditionnel, il doit apprendre à collaborer avec ses collaborateurs, dont les attentes ont elles aussi évolué, mais aussi savoir interagir avec les plateformes numériques, les robots, l’intelligence artificielle.

Nouvelles missions, nouvelles compétences, nouvelle posture pour le manager… mais aussi de nouvelles responsabilités pour l’entreprise vis-à-vis de ses managers.

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