Livre : Les Réseaux Sociaux d’Entreprises : 101 questions

Les Réseaux Sociaux d’Entreprises : 101 questions. Encore un livre sur les réseaux sociaux d’entreprise ? Attention, celui-ci, qui vient de paraître, est écrit par Anthony Poncier, consultant en management et entreprise 2.0, grand spécialiste des réseaux sociaux devant l’éternel, blogueur réputé que j’estime pour sa connaissance profonde sur sujet et pour ses valeurs humaines. Autant de raisons de l’interviewer.

Anthony, que manquait-t-il selon toi dans la littérature existante sur le sujet ? Il existe beaucoup de blogs, mais généralement tournés vers les experts. Ayant une démarche « d’évangéliste » à travers mon blog, il me semble que d’écrire cet ouvrage me permet de toucher un public différent, pas forcément toujours connecté sur le net. En plus, ce qui m’a attiré dans la proposition de Diateino, c’est cette nouvelle collection « 101 questions ». Par son côté pragmatique, pédagogique, revenant sur les bases dans un petit format, cette formule m’a séduit. Je crois que plus il y a de livres sur le sujet, comme sur le net, mieux c’est.

Tu accompagnes de nombreuses entreprises sur les RSE. Quels changements récents perçois-tu dans les entreprises ? Les entreprises sont devenues conscientes que ce n’est pas qu’une question d’outil. Ce n’est pas parce qu’on installe un réseau social d’entreprise que les gens vont s’approprier l’outil. L’outil n’est pas grand chose, c’est ce qu’on en fait. Par contre, les entreprises ne sont pas encore conscientes que pour en tirer vraiment des bénéfices, il faut aller vers une véritable logique de transformation d’organisation. La frilosité de beaucoup d’entreprises va sans doute les mener à des déceptions, car pour elles, les promesses ne seront pas tenues. Mais devenir une entreprise 2.0, c’est bien transformer la logique de fonctionnement de l’entreprise, pas juste collaborer sur un outil.

Quel est selon toi l’impact principal des RSE sur le management ? Celui qui va être le plus visible rapidement, c’est la circulation de l’information sans passer par les managers. Donc, les managers qui n’existent qu’à travers le « information=pouvoir » ont du mouron à se faire. Ensuite, soit le top de management est conscient qu’un RSE peut aider à transformer le management et les processus managériaux, soit les managers vont bloquer cette logique et rien ne va se passer. La culture est plus forte que l’outil, heureusement d’ailleurs.

Tu as travaillé sur des projets de RSE dans différents pays : existe-t-il des différences dans l’approche selon les pays ? Pas forcément différentes approches, mais puisqu’on parle de transformation, on parle forcément de culture et la culture peut présenter des avantages et des freins. On sait d’expérience que dans les pays de culture catholique, la hiérarchie est beaucoup plus forte que dans la culture protestante. Il faudra en tenir compte sur les rapports hiérarchiques et la remise en cause partielle de la pyramide de l’entreprise. Dans la culture asiatique, l’idée que c’est le chemin qui compte et pas uniquement le but, est très présente et plus proche des pratiques de déploiement d’un RSE. Il n’y a donc pas de meilleure ou mauvaise culture nationale. Il y a des contraintes, il faut en tenir compte pour adapter son accompagnement et tirer profit du meilleur de chacune. Donc avoir une approche différenciée en fonction de son déploiement géographique.

On cite très souvent les entreprises américaines comme des exemples à suivre. Penses-tu que cela soit lié à la culture et au management ? Si par plus avancée, tu veux dire qui ont installé plus de RSE, oui sans doute. D’ailleurs historiquement les éditeurs sont américains. Des entreprises qui sont de véritables entreprises 2.0, je n’en suis pas si sûr. Mais il est vrai que le management est moins hiérarchique, on est moins dans les discussions sans fin et plus dans l’action. On met le projet en place et en déployant, on réalignera au besoin. Il est donc plus facile de lancer un projet, même s’il n’est pas sûr que sur le long terme cela soit la terre promise de l’E2.0. L’expérimentation peut avoir marché, mais on n’est pas passé à une véritable transformation et là, on se cogne aux mêmes obstacles que ceux précédemment cités. En ça, les américains ne sont pas différents. Espérons que les entreprises verront la crise comme une opportunité pour se transformer et que cela sera un catalyseur et pas un frein (c’est plutôt cette dernière attitude qui domine actuellement).

Quels sont les principaux freins à l’adoption que tu constates, auprès des Directions, des managers, des collaborateurs ? Pour les directions, ne pas comprendre les enjeux organisationnels et donc un manque de sponsorship opérationnel de leur part. Si elles lancent le projet, elles ne voient pas leur rôle dedans. Alors que si on parle de transformation d’entreprise, elles devraient être aux premières loges. Pour les managers, souvent une véritable opposition, car ils vont supporter la plus grosse pression et transformation et ils sont aussi ceux qui sont le moins accompagnés dans cette démarche. Pour les collaborateurs, l’impression que cela va générer du travail en plus, et ne pas voir sur le moyen terme que cela va faire gagner du temps parce qu’ils vont travailler différemment. Mais leurs craintes sont compréhensibles, car la philosophie actuelle des entreprises est plutôt faire plus avec moins.

Que contient ce livre ? Il commence par le rappel de certaines notions de base sur la philosophie, les fonctionnalités et les usages des réseaux sociaux d’entreprises (RSE). Puis sont abordées des questions pratiques sur les problématiques à résoudre pour lancer un RSE, les points d’attention en phase de déploiement, et dans une dernière partie, ceux liés à l’animation.

A qui s’adresse ce livre ? Le principe des chapitres et l’approche didactique retenus par Anthony permettent aux débutants comme aux initiés, étudiants ou professionnels, d’appréhender le sujet dans un objectif purement pédagogique ou pour une mise en place plus opérationnelle.

Quel est l’intérêt de ce livre ? Je retiens surtout le principe de ces 101 entrées, qui sont autant de thèmes traités sur 2 pages maxi, de manière claire, concise, pour couvrir le sujet. Comme toujours avec Anthony, les explications sont pointues mais limpides, les réflexions sont poussées mais avec toujours le souci d’être pragmatique. Ce principe de chapitres courts permet à la fois une lecture linéaire mais peut être pris comme un « mémo pocket » (sentiment renforcé par son petit format) dans lequel piocher selon ses interrogations. Cet ouvrage aurait pu s’appeler « Précis sur les RSE ». Le livre d’Anthony sera certainement un des rares qui fera référence sur le sujet, dans lequel vous pourrez régulièrement vous replonger.

Pour commander le livre

Le blog d’Anthony

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