Etude Universum Top 100 Employeurs 2011 : La génération Y deviendrait-elle cynique ?

Etude Universum Top employeurs 2011 : Universum, société suédoise spécialisée dans le conseil en Marque Employeur, vient de communiquer les résultats de sa dernière enquête sur les attentes et les perspectives de carrières, réalisée auprès de près de 20 000 étudiants de plus de 100 écoles européennes. Les résultats marquent un fort retour de l’individualisme, de la priorité au salaire et au prestige de l’entreprise au détriment des valeurs sociales et environnementales.

« Moi d’abord »

Les étudiants européens des grandes écoles et universités sont-ils devenus cyniques ou ont-ils simplement une plus forte capacité à s’adapter à leur environnement et à se protéger des signaux pessimistes que la société leur envoie ? En effet, ils n’accordent plus autant d’importance à la RSE et aux entreprises ayant de hauts standards éthiques. Pour preuve, un meilleur classement que l’an dernier pour les entreprises des secteurs gaziers et pétroliers. Oubliés la marée noire du Golfe du Mexique ou le réchauffement de la Terre. Ces mêmes étudiants plébiscitent plutôt des employeurs reconnus, performants et prestigieux. Ainsi, ils associent leur employeur idéal à « une bonne réputation » (72%), un « succès sur le marché » (70%) et au « prestige » (66%). La « responsabilité sociale d’entreprise » et les « hauts standards éthiques » recueillent à peine 1/3 des suffrages. De même, la sécurité de l’emploi est en recul alors que le salaire est le critère en hausse.

Cette tendance forte à l’abandon des valeurs sociales ou environnementales au profit de leur intérêt personnel révèle certainement une perte de confiance dans la capacité des entreprises à réellement respecter ces engagements éthiques. Ces entreprises qui si souvent se contentent d’un discours auquel les étudiants ne croient plus, et que certains faits divers tragiques largement relayés par les médias viennent contredire.

« Je suis une marque »

Petter Nylander, le PDG d’Universum, résume ainsi ces conclusions : « Le prestige d’un employeur et son succès sur un marché sont devenus importants (…) pour les étudiants. Tout est affaire de vanité, d’image que l’on projette aux autres, mais également, de marque personnelle ». Comment en vouloir à ces étudiants à qui l’on distille régulièrement l’importance de la marque personnelle, du branding ? Chaque passage dans l’entreprise doit être en mesure de valoriser, et au plus vite, cette valeur marchande du candidat, avant de devenir ce senior montré du doigt car dépassé par les innovations technologiques.

« Tout, tout de suite »

Et j’emploie à dessein le mot « passage » car il n’est plus question de croire à la carrière, que les aléas économiques rendent bien trop aléatoire. Ainsi la sécurité de l’emploi n’est plus une priorité puisque qu’elle ne peut être garantie. Comme je le disais, on note un retour en force d’exigences sur les salaires, qui se traduit par une formidable remontée du secteur bancaire dans le palmarès des TOP EMPLOYERS, après une forte baisse de popularité en 2010.

« Je fais comme papa et maman »

Révolutionnaire, innovante, décompléxée la génération Y ? L’employeur préféré des garçons est Google, tandis que l’Oréal fait tourner la tête des jeunes femmes. Seul Apple, marque assexuée, attire autant garçons et filles. La grande conso chez les filles, la banque et l’automobile (si possible de luxe) chez les garçons ! Et s’agissant des aspirations professionnelles ? Etre un leader ou un expert pour les hommes, et la sécurité de l’emploi pour les femmes !

Quels enseignements pour la Marque Employeur ?

Le message est clair, le remède doit être à la hauteur du mal : les sites RH des entreprises ont besoin d’un traitement de choc : supprimez les paragraphes relatifs à la carrière, aux opportunités d’évolutions professionnelles, aux parcours destinés aux hauts potentiels. Quant aux témoignages de collaborateurs ayant 8 ans d’ancienneté et 3 postes successifs… Passez à la trappe tout ce qui parle responsabilité sociale, Green IT, travailleurs handicapés ou empreinte carbone. Et pour l’ergonomie, inutile de vous casser la tête (et la tirelire) avec des pré-tests et des protocoles de Eye-tracking : adoptez la signalétique des toilettes : à gauche pour les filles, à droite pour les garçons, puis déroulez méthodiquement les arguments qui vont bien. D’ailleurs, est-il encore nécessaire de parler de Marque Employeur, quand de bons résultats commerciaux, un PDG charismatique et bronzé ou des produits que l’on voudrait voir dans les vitrines de la Croisette ou dans un clip de rap sont suffisants ?

Plus sérieusement, les résultats de cette dernière étude Universum montrent qu’en se concentrant sur le présent, en adoptant une attitude de repli sur soi, ces étudiants n’ont pas confiance dans l’avenir et dans les vertus du collectif. Le ton cynique et le propos caricatural adoptés dans ce billet cachent en fait une profonde inquiétude pour une société et un monde du travail qui incite davantage à se protéger qu’à se réaliser, qui fait plus peur qu’il ne donne envie, qui n’a pas su renouveler son contrat social, qui révèle un profond fossé entre l’offre et la demande d’emploi. Cette étude est un signal d’alarme, j’espère qu’il sera entendu.

Pour en savoir plus sur Universum et sur l’étude

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